Nous venons d’entrer en automne, saison plus fraîche mais qui pare la nature de belles couleurs. Le moment est venu de marcher en forêt, de contempler les paysages euréliens, de respirer le bon air, bref de vivre simplement et joyeusement.
Bertrand, nouveau diacre, était ordonné ce samedi 18 septembre, avec le soutien de son épouse Marie-Agnès, en présence de ses enfants. De nombreux diacres de notre diocèse avaient pris place dans le chœur de la cathédrale pour l’entourer, les amis étaient venus de loin, beaucoup du Nord de la France, ce qui toucha mon cœur comme vous l’imaginez. Le « diacre permanent » est un homme choisi pour son sens du service, dont l’assemblée des chrétiens confirme la probité et la foi. Il peut être célibataire, mais la plupart sont mariés. Sa mission est principalement au sein de sa paroisse, mais il n’est pas exclu qu’il anime la vie d’une aumônerie, auprès de malades ou de prisonniers, qu’il soit en charge de la diaconie diocésaine comme c’est le cas à Chartres, qu’il soutienne la formation des fidèles. Souvent on le voit présider un mariage ou des funérailles. Il célèbre volontiers les baptêmes. Si sa mission le tourne vers les nécessiteux, il reçoit l’appel d’annoncer et d’enseigner la Parole de Dieu. Enfin, il assiste l’évêque ou le prêtre à l’autel pour la célébration de la sainte Messe. Comment discerne-t-on cet appel ? C’est normalement le curé qui reconnaît chez un homme ce sens du service et qui l’interpelle pour lui demander de prier avec son épouse avant de répondre. Ensuite, un chemin de prière et de formation est proposé par le diocèse sur plusieurs années, adapté à la disponibilité de la personne. Enfin sa vocation diaconale est accueillie par l’évêque qui est entouré d’un comité de diacres et de laïcs qui accompagnent son parcours de formation.
L’année scolaire est relancée, plusieurs nouveaux curés seront encore installés dans les semaines à venir, les communautés paroissiales accueillent déjà les enfants pour le catéchisme et les divers groupes ont débuté. Les normes sanitaires ont certes creusé des distances entre les personnes et les paroisses. Cependant elles ne nous privent plus de nous voir et de célébrer ensemble. Puisque nous sommes tous appelés à la mission par notre baptême, je vous encourage à parler à vos amis de ces propositions, surtout celles destinées aux enfants. Beaucoup d’entre eux ne reçoivent pas d’éducation chrétienne par manque de suivi de notre part. Pourquoi ne pas prendre la liste des baptisés qui ont maintenant sept ou huit ans et visiter chaque famille à domicile pour leur présenter le catéchisme ? Certes, il faut un peu d’audace mais convenons que les messages et les courriers ne suffisent pas, seule la rencontre est une vraie communication. Pour beaucoup de ces enfants, la vie de foi peut dépendre d’une seule de ces rencontres. De cela, nous sommes responsables pour leur bien et leur salut.
Cet élan missionnaire est un fruit de notre baptême, c’est même une réalité intrinsèque de notre appartenance ecclésiale. Ce premier sacrement est la clé qui nous introduit dans notre vocation missionnaire. Est-il véritablement la source de notre joie, comme le pape François le dit dans son exhortation apostolique « La joie de l’Évangile » ? Avançons dans la lecture de ce texte important de son enseignement, avec le troisième chapitre qui parle de l’annonce de l’Évangile. Qui annonce l’Évangile ? C’est le peuple de Dieu en marche vers le Seigneur, c’est-à-dire l’Église rassemblée de toutes les nations. La vie dans l’Esprit voulue par Jésus est le chemin pour entendre les appels et devenir l’instrument de cette annonce. Se mettre à son écoute est indispensable car l’initiative divine est première, elle vise le salut de toute personne maintenant et pour l’éternité. Pour faire ce chemin de conversion, le fidèle a besoin d’être accompagné, d’où l’urgence de la fraternité dans nos paroisses, pour nous porter mutuellement dans la prière, pour goûter entre nous le pardon et la réconciliation, pour expérimenter la joie de l’annonce évangélique, pour être le ferment de Dieu dans notre humanité. Il est nécessaire que les fidèles partagent la vie et la culture des personnes à évangéliser comme le vivent les coopérants partis avec la DCC ou la Fidesco : alors ils entendent intérieurement dans leur prière le langage de l’Esprit Saint qui parle et agit. Le pape dit que « quand une communauté accueille l’annonce du salut, l’Esprit Saint féconde sa culture avec la force transformante de l’Évangile. » (EG 116) L’œuvre de l’Esprit a donné au cours des siècles des fruits très divers, l’Église catholique en est le témoin singulier puisqu’elle vit sur les cinq continents, aussi les expressions de notre foi commune et unique sont multiples. Le pape ajoute que « l’unité n’est jamais uniformité mais une harmonie multiforme qui attire. » (EG 117) L’Esprit travaille lui-même le cœur et l’intelligence des hommes évangélisés en purifiant leur culture de ce qui ne convient pas, comme la polygamie, la sorcellerie ou les castes, tout en bonifiant les semences du Verbe – expression du Concile Vatican II – qui sont autant de prémisses à l’accueil de la Révélation. Cette attitude de respect disposera les personnes à la confiance et à la découverte des sacrements et du trésor de notre vie spirituelle qui n’est pas centrée sur des techniques de méditation ou des rites mais bien la communion effective entre soi et le Seigneur Jésus vivant qui nous parle. L’objet de la foi est l’union à Dieu le Père en Jésus-Christ dans le Saint Esprit. Enfin le pape redit que nous sommes tous appelés à être disciple missionnaire et il donne le bel exemple des premiers disciples qui courent dire à leurs amis « nous avons trouvé le Messie » (Jn 1,41). Beaucoup de catholiques disent ne pas être suffisamment formés pour évangéliser, ce qui est en partie vrai, et de ne pas être légitimes car pécheurs. Néanmoins, l’expérience montre que le chrétien convaincu se forme dans et par la mission. Témoigner de notre rencontre avec Jésus ne consiste pas à parler de sa foi comme d’un concept ou d’une théorie mais à révéler qu’il est la source de l’amour en nous. L’Esprit donne les mots qui conviennent pour l’auditeur et le témoin est le premier évangélisé. Et si nous attendons d’être sans péché pour annoncer le Royaume, il n’y aura pas de missionnaire ! N’ayons pas peur de nos fragilités car elles sont l’espace de la grâce.
La société dans laquelle nous sommes témoins du Christ est en profonde mutation. Celui qui demeure le même, c’est Jésus. Il est notre paix. Aussi j’aimerais conclure ce message sur un point de notre liturgie eucharistique qui concerne le signe de la paix. Celui-ci est prévu avant la communion eucharistique et les rubriques du missel précisent qu’il reste facultatif. Personnellement j’aime le proposer car il vient en écho à plusieurs paroles de Jésus. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9) et Jésus demande que nous allions vers nos frères et sœurs pour nous réconcilier avant de nous avancer à la table de communion. Jésus-Christ, alors que sa passion approche et que les disciples s’inquiètent, leur dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14,29). Sa paix est notre force face à nos inquiétudes. Saint Paul dit que Jésus « est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. » (Éph 2,17) On appelle Jésus le « Prince de la paix ». En accueillant sa paix, nous avons vocation à susciter la paix. La paix entre nations est le fruit d’un équilibre négocié, mais rarement accompagné d’un désarmement. La paix du Christ est un don plus grand, plénier, sa vie même. Se donner la paix va au-delà d’un geste aimable, c’est laisser Jésus-Christ présent dans l’eucharistie venir renouer, parfaire, réconcilier nos relations humaines. Quel que soit le geste, un baiser, une accolade, une poignée de main, un salut, un sourire, prenons conscience que nous portons Jésus vers l’autre, qu’il passe à travers nous vers ce frère ou cette sœur qui est mon voisin dans l’assemblée. Ce n’est pas un geste pour se saluer. Aussi, mieux vaut prendre le temps de donner la paix à une, deux ou trois personnes que de faire un tour des amis de manière superficielle car trop rapide. Donnons la paix à cette personne que nous ne connaissons pas et qui sera touchée par notre geste.
Je vous souhaite un bon dimanche avec le Christ. Pensez à lire en famille les textes de la messe avant d’y participer pour préparer vos enfants et vous-mêmes à les entendre. Chantez les louanges du Seigneur pour y aller joyeusement comme les hébreux de retour d’exil à Babylone lorsqu’ils voient Jérusalem, la cité de David dont ils ont rêvé durant soixante-dix années :
« Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie ; alors on disait parmi les nations : « Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! » (Ps 125,1-3)
Notre mission est de proclamer les merveilles faites par le Seigneur, comment le dirons-nous à nos proches ? Prions encore et souvent pour les vocations, demandons au maître des ouvriers pour sa moisson.
Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen.
+ Mgr Philippe Christory