L’approche de la date du mercredi des Cendres sur le calendrier est souvent redoutée par certains d’entre nous. Le temps du carême est en effet souvent associé à des privations, des sacrifices, des résolutions… bref autant de pratiques qui nous font désirer avec impatience la célébration de Pâques. 

La prière d’ouverture du mercredi des Cendres présente toutefois ce temps comme ‘un entraînement au combat spirituel’. La perspective est déjà plus motivante. Elle indique que nous sortirons de ce temps ‘plus forts pour lutter contre l’esprit du mal’ (Liturgie du mercredi des Cendres). Les privations et les efforts ont un objectif motivant. Tout sportif ou musicien sait combien l’exigence est source de progrès. Or, nous le constatons, nous avons bien souvent l’impression de stagner dans notre vie spirituelle, de ne pas vraiment progresser. Et, comme le dit encore Saint Paul : « Le voici maintenant le moment favorable » (2 Co 6, 2). Une nouvelle chance nous est donnée pour grandir dans la foi, la charité et la liberté. 

Plutôt que subir cette période en attendant que ça passe, nous pouvons au contraire nous réjouir et choisir de faire ce que nous ne cessons de repousser faute de temps ou de motivation. Mais l’enjeu principal du carême consiste à tenir la durée : 40 jours, c’est long et il faudra savoir doser son effort pour ne pas se décourager. 

Dès le premier jour, prenons un bon départ avec une vraie détermination et un jour de jeûne, comme nous y invite la liturgie des Cendres. Car dans ce combat, nous sommes engagés avec toute l’Église, nous ne sommes pas seuls et c’est la raison pour laquelle nous pouvons vraiment le vivre comme un temps de grâce. 

Commençons par prier pour discerner le chemin que nous souhaitons vivre et prenons une décision. Il est préférable de ne suivre qu’une seule proposition jusqu’au bout (par exemple celle de lire le livre de l’Exode à raison d’un chapitre par jour) plutôt que de multiplier les diverses offres pour le carême qui ne manquent pas. Sachons trouver le jeûne qui plaît à Dieu et l’aumône qui a du sens. Le carême est un temps d’exigence et donc un chemin de croissance et de joie. 

Alors bon carême ! 

Abbé François Muchery, curé