Notre météo s’améliore enfin et j’aurais aimé ne vous donner que des belles nouvelles. Mais voici que le Père Olivier Maire, provincial des pères Montfortains, a été assassiné à saint Laurent-sur-Sèvre. L’homme qui a commis le crime était connu pour l’incendie de la cathédrale de Nantes en 2020. Il était sans papiers, en attente d’un meilleur avenir et d’un jugement en justice, et faute de toit pour se poser, le père Maire avait choisi de lui ouvrir la porte de la maison communautaire. Sa mort fait de lui un martyr de la charité. Début juillet dernier, c’est lui qui accueillait le pèlerinage du diocèse de Chartres auprès de saint Louis-Marie Grignon de Montfort, missionnaire de la Vendée et de la Bretagne (1673-1716). Ce prêtre humble et accueillant, plein d’humour et érudit sur les missions paroissiales du saint, nous avait touchés et nourris de ses enseignements. Je me souviens qu’il nous rapportait que saint Louis-Marie demandait lors des missions que chaque chrétien héberge chez lui un pauvre. Personnellement, je fus hébergé dans leur communauté de prêtres. Penser à sa mort si soudaine et violente cause un choc. Le prêtre est de passage pour annoncer un Royaume d’amour. C’est ce trop plein d’amour qui a été l’espace de sa mort. Comment comprendre ? Pourquoi ou plutôt pour quoi cette mort, en vue de quoi ? De quoi sera-t-elle le signe pour chacun de nous catholiques et au-delà pour les français ? Nous prions pour que la porte du Ciel lui soit grande ouverte et qu’il reçoive la place préparée par Jésus pour lui, comme pour tout bon serviteur.

La messe de 11h45 en ce samedi 14 août sera célébrée par moi-même au grand autel de la cathédrale de Chartres à son intention, pour tous les pères Montfortains et pour les sœurs de la Sagesse, en la fête de saint Maximilien Kolbe, un autre grand saint de la charité en acte qui offrit sa vie à Auswitch pour épargner un père de famille condamné à mort. Ce vendredi 13 août, je serai présent pour les funérailles, y représentant notre diocèse.

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort a développé sa spiritualité missionnaire en s’appuyant sur la présence de la Vierge Marie. Saint Jean-Paul II y puisa sa propre devise « totus tuus », tout à toi Marie. Comme le Verbe divin prit chair en Marie pour partager notre condition humaine et nous sauver du péché, saint Louis-Marie en conclut que les hommes et les femmes doivent passer par Marie pour se laisser diviniser et vivre en présence de Dieu. Peut-être pourrions-nous faire le lien avec la belle image de saint Bernard de Clairvaux qui nomme la Vierge par le vocable de l’aqueduc, exprimant qu’elle est le canal de toutes les grâces que Dieu nous donne. En quelque sorte, elle reste le canal pour que nous allions vers Dieu. Saint Louis-Marie insistait dans toutes ses missions pour que les croyants prient le chapelet afin de méditer les mystères de la vie de Jésus.

Dimanche 15 août, ce sera la belle fête de l’Assomption. Nul doute que tous nos saints feront une couronne de fête pour honorer la Vierge dans la Gloire du Ciel. Si ce fait de la vie de Marie n’est pas décrit dans les évangiles, sa vie terrestre s’est bien achevée un jour. Le dogme de 1954 résume le « sensus fidei », la pensée et la foi du peuple de l’Église que le pape Pie XII consulta avant sa proclamation. Le texte dit : « Au terme de sa vie terrestre, l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, a été prise corps et âme dans la gloire céleste. » Comment ce corps qui fut l’écrin pour accueillir la venue du Fils de Dieu pouvait-il se corrompre et disparaître ? Comment cette merveilleuse femme pouvait-elle avoir le sort commun de tous les humains quand nous croyons qu’elle fut l’Immaculée Conception et qu’elle ne commit aucun péché ? Cela appartient au Mystère de la foi et c’est en même temps un objet de contemplation. La Vierge Marie est dorénavant en Dieu, dans la Jérusalem céleste, avec tous ces saints « qui ont lavé leur robe dans le sang de l’agneau » qui est Jésus. (Apo 7, 14) Sa vocation est de veiller sur nous, comme saint Irénée l’avait écrit au IIème siècle quand il parle d’elle comme de notre avocate. Elle présente à Dieu nos demandes comme elle le fit à Cana quand elle disait à Jésus que la noce manquait de vin. (Cf. Jn 2) Ce dimanche à Chartres, nous aurons une grand-messe à la cathédrale à 11h, puis une procession fera le tour des boulevards entourant la vieille ville. Marie veille sur nous et notre pays qui lui est consacré. Pourra-t-elle toucher les cœurs de tant de baptisés qui ont mis leur foi « sous le boisseau » et qui vivent si éloignés de l’Église du Christ ? Pourra-t-elle se faire entendre par ceux et celles dont la vie est difficile et qui ont besoin d’être consolés ? Elle est cette mère qui ne juge pas mais qui accueille et protège sous son voile de tendresse comme notre belle relique le rappelle.

Continuons à prier intensément. L’Église grandira et témoignera par la foi vive des catholiques. Vous êtes nombreux à choisir le Christ, à méditer l’Évangile et à servir vos frères. Fort du témoignage du Père Olivier Maire, « ayant reçu ce ministère par la miséricorde de Dieu, nous ne perdons pas courage. » (2Co 4,1) Mes amis, le Royaume est là et il nous attend pour que chacun, telle une belle pierre vivante, apporte ses talents à la construction qui se réalise. Le monde prétend proposer des voies de bonheur qui sont souvent des artifices, or nous connaissons par la Révélation le chemin de la joie authentique et nous l’empruntons ensemble par notre fraternité. Chacun a sa place dans ce projet divin et ecclésial. En route, accompagnés par la prière de notre maman du Ciel, la Vierge Marie.

Prions-la encore ensemble.

« Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance, réclamé votre secours, ait été abandonné.
Animé d’une pareille confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je cours vers vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds.
O Mère du Verbe, ne méprisez pas mes prières, mais accueillez-les favorablement et daignez les exaucer. Amen. »